Parmi les violences contre les femmes, celles perpétrées au sein du couple sont les plus nombreuses, chaque année 223 000 femmes sont violentées sexuellement et/ou physiquement. En 2015, 122 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint contre 22 chez les hommes. Cette même année 36 enfants sont morts suite à des violences conjugales. L’histoire se répète, bien que les lois évoluent, elles sont peu appliquées. Tant que le statut de la femme ne changera pas en France, dans la rue, ou dans l’espace privé, des remarques sexistes aux actes physiques, la violence contre les femmes restera un fait banalisé et il sera toujours difficile pour les femmes concernées de sortir du silence.
A 29 ans, en apparence on rayonne de jeunesse, mais à l’intérieur on est parfois déjà passé par de douloureux instants. C’est le cas ici, d’une jeune femme qui a voulu témoigner. On la nommera Karine afin que ses propos restent anonymes. Elle a quitté sa région après s’être séparée de son compagnon violent. 7’14
Ce nouveau jugement intervient 5 ans après le début des faits. Sortir de la violence, c’est mettre un terme à son couple, c’est avoir le courage de partir et d’exposer son vécu à l’extérieur du huit clos familial. Comme de nombreuses femmes, Karine est partie au bout de plusieurs années.
« Il y a des femmes qui restent 20 ans, 30 ans, on ne peut pas les juger, elles sont complètement détruites ». 4’00
Pendant la conversation, Karine évoque souvent la loi, décourageante concernant le dépôt de plainte, inexistante dans la prise en charge de l’homme violent.
« Les femmes sont seules face à leur détresse ». 3’54
La guérison passe par la compréhension. Depuis deux ans, Karine se reconstruit avec l’aide d’une psychologue.
« Je pense qu’on doit faire quelque chose pour ces hommes violents, ils doivent se soigner ». 2′ 36
L’enfant de Karine, témoin des scènes de violence et victime à une reprise de coups donnés par son père, doit lui aussi se reconstruire. 2’04
« Après ça revient, on a envie de revivre, on ne se laisse pas aller, c’est comme si on recommençait à vivre comme une plante qui n’a pas eu d’eau pendant des mois et des mois et des années, on respire à nouveau. On revoit des gens, on sort, on retourne travailler, on ne panique pas le soir, on ne panique plus pour son enfant. Je me suis dit qu’en faisant ce témoignage, peut être que quelque chose changera, qu’il y aura quelque chose de fait afin que ces hommes arrêtent de frapper les femmes. Car c’est pas une vie. On a une peur au ventre constante, on ne sait pas ce qu’il se passe dans leur tête, on est perdu, il nous éloigne de nos familles et amis. J’espère qu’on n’aidera pas que les femmes car ce sont ces hommes qui ont un problème pas nous ».