15-38 : Qu’est ce qui a été le déclencheur pour créer « La Place » ?
Maya Ouabadi : Je lisais beaucoup d’essais féministes. Plus je lisais, plus je me disais : je trouve ça passionnant, mais dans les expériences convoquées, dans les exemples, il y a quelque chose qui me manquait : notre contexte. Et je me suis dit : en Algérie, il manque aussi l’espace. Quand le collectif du projet « Archives des luttes des femmes en Algérie », dont fait partie Saadia, a publié des images d’anciennes revues, j’ai écrit à Saadia en disant : c’est fou, elles sont super ces revues, ça n’existe plus et ça serait super de recréer cet espace là. Quand on dit qu’on voulait « recréer l’espace », c’est vraiment par rapport à ça. Quelques mois après, lors d’un diner, j’ai dit : on fait cette revue féministe, on la fait à deux.
Saadia Gacem : Pour moi, le déclencheur c’est l’arrêt du Hirak (mouvement de protestation qui débute en février 2019, ndlr), surtout du carré féministe (regroupement de militantes et de féministes dans un même endroit revendiquant l’égalité hommes et femmes, organisé au sein des cortèges d’Alger pendant le Hirak, ndlr), et l’envie de militer autrement. Le carré féministe et le Hirak étaient très intenses et très riches, mais j’étais fatiguée et j’avais envie et besoin de me poser, de réfléchir et d’avoir une manière différente de militer, différente des mobilisations au sein d’un gros collectif, des manifestations ou des sit-ins. Toute l’effervescence du Hirak retombait j’avais besoin de prendre du recul et réfléchir, sur moi, sur le Hirak, sur le féminisme, sur l’Algérie et sur l’histoire des luttes. Awel Haouati avait lancé le projet « Archives des luttes des femmes en Algérie » en mars 2019, elle m’a invitée à la rejoindre, aujourd’hui nous menons le projet à trois, avec Lydia Saidi. Nous avions envie de faire des publications sur les archives, l’histoire du féminisme en Algérie et la revue féministe se prêtait très bien à ça. La proposition de Maya tombait au bon moment.
15-38 : Est-ce qu’une revue vous parait être un outil adéquat pour militer ?
Maya Ouabadi : En tant que féministe, je n’avais jamais milité sur le terrain et je me suis toujours dit que pour agir pour les causes qui me tiennent à coeur, ça passait par l’édition. C’est ce que je fais avec la revue Fassl sur la littérature. Pour moi l’édition, c’est vraiment ça : ouvrir un espace pour diffuser des idées qui ne trouvent pas de place ailleurs. Le but de « La Place » est de donner un espace pour que ces idées soient développées. Les revues, permettent de prendre son temps. Celle-ci on l’imagine annuelle ou semestrielle à long terme, il y a par ailleurs très peu de contraintes de longueur, les textes peuvent être très longs, ces décisions permettent de ne pas déformer la pensée et de déployer les idées précisément. Que ce soit pour un entretien ou un article de chercheuse, on leur donne le temps de vraiment réfléchir et développer leur pensée. Je pense que le format revue convient à ce militantisme.
Saadia Gacem : Pendant le Hirak, on avait commencé à débattre du féminisme. L’arrêt du Hirak arrêtait ce débat qui était lancé, c’était dommage mais il fallait le continuer autrement de toute façon. C’était pas possible de continuer à marcher et à maintenir le carré, car physiquement et moralement c’était trop intense et difficile. Poursuivre le débat dans cette forme là, dans des écrits, dans la longueur, dans l’envie de la précision de l’analyse et du recul, pour moi, c’était ça le but. Cela permet de continuer à parler de ce qu’est le féminisme, de qui sont les féministes, de leur histoire et des luttes qu’elles continuent à mener aujourd’hui, pas uniquement celles qui se définissent comme féministes mais d’autres qui ont d’autres manières de militer. C’est intéressant pour nous d’avoir toutes ces voix très différentes : Fadila Chitour (professeur en endocrinologie, ancienne membre du Comité médical contre la torture et présidente du Réseau Wassila de lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants, ndlr), qui milite qui a toujours milité, et celle de Meriem Medjkane (psychologue et actrice, ndlr), qui est différente, qui ne se définit pas forcément comme militante féministe, mais qui évoque des questions comme le harcèlement, le fait qu’elle a vécu avec une maman divorcée, et que c’est difficile. La revue permet d’avoir ces différentes voix, le temps et l’espace de le faire. L’autre atout de la revue est que les écrits restent. Certaines choses qu’on a faites sur internet avec les membres du carré féministe disparaissent. Ce qu’on retrouve aujourd’hui, par exemple les revues des années 1980, c’est de l’écrit. On les retrouve, on les lit, on rentre dans leurs débats de l’époque. J’aimerais bien que notre revue soit lue dans des années et que cette pensée existe toujours.
15-38 : Dans l’une des interviews que vous avez données, vous dites que l’idée de cette revue c’est de « prendre sa place ». On pourrait se dire qu’en tant que militante et éditrice, vous avez pris une place. Qu’est-ce que ça veut dire pour vous « prendre sa place » ?
Maya Ouabadi : Pour moi c’est prendre une place, et, par conséquent, grâce à l’édition, la partager. Je n’ai eu ma place que lorsque j’ai créé les éditions Motifs. C’était difficile d’avoir sa place en travaillant pour d’autres éditeurs et dans le milieu littéraire en général. Ce n’est pas une question de présence forcément, mais plutôt une question de : comment on est entendue; Comment on ose parler; Est-ce qu’on est dans un univers confortable; et l’environnement professionnel en Algérie n’est pas toujours confortable. Et puis on ne peut pas toujours parler de la place de laquelle on aimerait parler. Pour les écrivaines et les éditrices, nous sommes souvent invitées à intervenir que sur des sujets qui concernent les femmes et pas sur des sujets qui concernent tout le monde. Je suis rarement invitée à parler de littérature ou d’un genre littéraire, etc. Ce sont toujours des intitulés comme « la littérature de femmes », « les femmes écrivaines ». C’est une place qu’on veut bien nous donner, mais si on veut aller dans d’autres champs, si on veut parler de politique, on est jamais invitées à le faire.
Ce que je remarquais, avant de créer « La Place », c’est que même les émissions d’analyse où on était censé analyser la situation en Algérie, il y avait rarement des femmes qui faisaient partie des journalistes qui débattaient, elles pouvaient faire de l’animation mais pas vraiment s’exprimer. Et c’est ça le problème : on ne note pas l’absence de femmes dans certains champs. Alors que moi, au bout d’un moment, je ne remarquais que ça. Dès qu’il y avait une réunion ou une émission où il n’y avait pas de femmes, je me disais que ce n’était pas possible.
Et c’est ça « prendre sa place ». C’est aussi pour ça qu’il n’y a pas que des militantes féministes dans la revue. Et même une militante, comme Fadila Chitour, parle de sa vie professionnelle de médecin, elle parle de la guerre d’Algérie, du Hirak, de politique. Meriem Medjkane, c’est pareil, elle parle de la société, de son travail de psychologue et de comment il lui permet d’avoir un regard sur la société. Quand on dit « pensées de femmes », ce n’est pas « pensées de femmes sur les femmes , sur la condition des femmes » mais pensées de femmes en général, qu’est ce qu’elles pensent politiquement. Le travail de Rima Rezaiguia que nous publions est un travail sur l’architecture, qui n’a rien à voir avec les femmes. C’est aussi ça « La Place », c’est parler de tout, d’un point de vue de femme.
Saadia Gacem : « Prendre sa place », c’était choisir ses places et ses espaces, créer de l’espace pour ces femmes pour qu’elles puissent s’exprimer. Pas forcément de la pensée militante mais aussi des créations artistiques, littéraires de femmes, des photographes, de militantes. J’étais frustrée que le travail de toutes ces femmes que l’on côtoie, ne soit pas connu, reconnu, diffusé et qu’elles n’aient leur place nulle part ailleurs, ou alors à l’étranger, mais pas en Algérie. Fadila Chitour est peut-être connue dans le milieu militant et algérois, et un peu à l’étranger dans le milieu militant, mais peu dans le pays. Diffuser sa pensée et son parcours, est, pour moi, très important. La pensée des femmes transcende: on n’est pas seulement cantonnée à parler du harcèlement et du divorce. On peut parler de tout en tant que femme. Non pas parce qu’on a un cerveau différent de «femme», mais parce qu’on a une expérience de femme qui influence notre pensée et donne une autre manière de voir le monde, l’économie, la politique. On a une autre manière de voir le monde, qui complexifie la politique, l’économie, l’art. Parallèlement, nous voulions sortir de la place ou des places qu’on nous assigne : créer ses espaces et refuser des espaces qu’on nous a assignés.
15-38 : Le féminisme divise, même au sein des militants. Dans votre revue, vous réunissez des militantes de différentes générations, qui ont mené des combats différents et qui ont des opinions différentes. Est ce que raconter les différences fait partie du projet ?
Saadia Gacem : Ce que nous voulions visibiliser, ce n’est pas qu’il y aurait un féminisme algérien, mais bien qu’il y a du féminisme en Algérie, avec son contexte, et qu’ils sont différents. Nous voulions montrer la diversité de pensées, la manière dont on peut militer ou pas, individuellement ou collectivement. La revue est féministe parce qu’elle a une pensée, elle milite pour l’égalité, elle a une vision égalitaire. Nous voulons rendre visible le travail, la création et la pensée des femmes, mais elle n’assigne personne à être militante féministe.
Maya Ouabadi : Cette vision égalitaire est partagée par les femmes qui participent à la revue, mais ce n’est pas une vision qui se convertit forcément pour toutes en militantisme sur le terrain. Diversifier les profils des femmes qu’on interviewe ou qui participent, c’est aussi le but. Lorsque l’on fait un entretien avec une femme qui ne se dit pas militante féministe, dans une revue féministe, cela permet à plus de femmes de pouvoir se revendiquer féministe. Moi-même, j’ai mis du temps à comprendre qu’il y avait une différence entre être féministe et être militante féministe. En Algérie, c’est un concept assez nouveau. Le Hirak était justement un moment où on parlait de féminisme en dehors des cercles militants. Dire qu’être féministe c’est être pour l’égalité, c’est plus accessible, c’est une évidence et je pense que les gens sont plus à l’écoute. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi de mettre cet extrait « je me découvrais une âme de féministe convaincue. Ce n’était pas difficile, et c’était si agréable » de Assia Djebar (autrice, ndlr) parce qu’il y a une évidence à vouloir l’égalité. C’est quelque chose qu’il faut défendre, surtout dans le contexte algérien.
15-38 : Vous êtes toutes les deux, mais également une partie des femmes qui participent à cette revue, photographes, autrices, graphiste, où y sont interviewées, trentenaires. Est ce un âge où les envies d’égalité changent ?
Maya Ouabadi : Quand on a la vingtaine on passe du temps à observer, on remarque des inégalités. Le féminisme se réveille comme ça, on remarque les inégalités et on ne trouve plus ça normal. Puis, il y a une phase, où on a une forme de pouvoir sur les choses, aussi petit qu’il soit, dans mon cas dans l’édition : on a un espace, on peut l’offrir. Et on se dit que si on doit agir sur quelque chose, c’est sur ces inégalités. Personnellement, il y a eu ces deux étapes : celle de la prise de conscience, puis, quand j’ai pu avoir les moyen de faire, celle de l’action.
Saadia Gacem : Je ne sais pas si l’âge joue ou si ce sont surtout les expériences. L’accumulation des rencontres et des expériences fait qu’on arrive à cette étape-là de sa vie où on peut changer sa manière de militer. La revue est une manière de militer, comme la manifestation en est une autre. J’ai passé beaucoup de temps à militer collectivement de ma vingtaine jusqu’au Hirak. Le travail sur les archives m’a permis de comprendre que ce coté du militantisme actif sur le terrain était important mais qu’il fallait aussi réfléchir ensemble et écrire. Et je me suis rendue compte que dans les années 1980, elles faisaient ça. Elles organisaient des actions collectives et en même temps, elles écrivaient. Il y avait des oeuvres littéraires, artistiques. Toute cette diversité là manquait à mon militantisme, à la manière dont j’ai besoin et envie de militer. Aujourd’hui, il me faut une phase d’écriture, de transmission, de réflexion, d’analyse et de débats, qui passe par l’écrit. Cette phase arrive aujourd’hui du fait de toutes ces expériences dont celle des Archives et du Hirak. C’est la rencontre des deux, et celle avec Maya, qui a créé tout celà.
15-38 : Vous pensez que cette revue peut être un outil universel ? Ça peut servir à toutes les femmes ? Ou est-ce un outil plus restreint ?
Maya Ouabadi : Une revue, avec ce type de textes pas trop savants mais assez longs n’est pas forcément destinée à un public très large. Mais ce n’est pas non plus inaccessible. Il y a des actions concrètes à mener qui ne peuvent être menées que par des associations : aider les femmes victimes de violence, l’accompagnement juridique, la question économique etc. Cela ne peut pas être réalisé par une revue. Mais par contre, lire une revue peut donner envie de s’engager, de créer une association. Une des ambitions c’est de créer des vocations de militantes, de donner envie à des femmes de devenir bénévoles, ou à tout simplement être attentives à leur bien être. On l’a faite en arabe et en français, pour qu’elle puisse être lue partout en Algérie. Pour le prix (la revue est vendue 2000 DA en Algérie, soit environ 13,5 euros), nous sommes conscientes que cela représente un coût, mais notre idée est de mettre automatiquement en ligne le contenu de l’ancien numéro, lors de la parution du numéro suivant.
Saadia Gacem : Je le comprends comme quelque chose d’universel, car cela va parler à toutes les femmes, qu’elles soient algériennes ou pas, bourgeoises ou pas. Qu’importe où on est, où on se situe, notre classe sociale, nos origines etc. Dans la revue, il y a plusieurs classes sociales. L’enjeu est de diffuser, visibiliser, montrer, et si ça suscite des vocations militantes, tant mieux, mais en tout cas, je veux faire connaitre cette pensée-là, ces femmes-là, ces oeuvres-là, cette littérature-là. Depuis le Hirak, on parle beaucoup du féminisme algérien, mais on ne le connait pas forcément. C’était l’occasion, le bon espace, pour montrer ce qu’est l’Algérie, ce que sont les Algériens et les Algériennes. C’est pour ça qu’on a choisit dans la revue d’utiliser des titres de livres, de chansons, d’oeuvres faites par des femmes, pour donner plus de références de femmes. Je me suis rendue compte moi-même, étant féministe, que j’avais beaucoup de références d’hommes et pas beaucoup de femmes. C’est une manière de rendre visible et de donner envie d’aller voir plus.
15-38 : Comment on fait pour faire tenir un projet de revue indépendante aujourd’hui ?
Maya Ouabadi : La question préalable c’est : comment faire de l’édition indépendante? « La place » est le deuxième gros projet des éditions Motifs. Le premier était une revue littéraire, Fassl. L’objet revue est déjà compliqué à faire exister éditorialement. C’est un format de niche, les libraires sont réticents à prendre des revues en dépôt, etc. Donc faire une édition indépendante implique de se questionner sur le type de soutien que l’on peut demander. Comment choisir les partenaires qui nous permettent le plus de liberté et d’indépendance éditoriale qui est essentielle pour nous. On discute de tous les choix avec Saadia. On ne choisi de travailler qu’avec des femmes réunies autour de l’idée d’égalité et cette envie de l’atteindre. Dans la réception et dans le travail, ce n’est pas plus compliqué de faire une revue féministe qu’une revue littéraire. Il n’y a pas eu de résistance ni du public, ni des gens avec lesquels on a travaillé. C’est notre espace et on décide de prendre le plus de place possible : une grosse revue, bilingue, flashy. Il faut que ça soit mille fois plus visible que le reste.
Saadia Gacem : Le problème principal réside autour de l’édition. L’enjeu était d’abord de créer une revue indépendante: travailler avec des gens avec qui tu te sens libre et tu peux créer. On a réussi à trouver un imprimeur : on s’est senties à l’aise avec lui, lorsqu’il a compris et a adhéré au projet. C’est le moment où il nous a dit : « J’ai vu l’oeuvre de Baya dans la revue, je me suis dit il faut la respecter ». Il a fait un travail magnifique, avec les moyens qu’ils ont. Nous sommes dans un contexte algérien. Nous savons les obstacles que nous allons rencontrer, mais on y va quand même, parce qu’on sait que ça peut se faire, on sait que ça ne peut se faire qu’ici, en Algérie. On crée une revue féministe en Algérie, ce qui n’est pas rien, et ce qui semble paradoxalement évident et possible. C’est en Algérie qu’on peut le faire et qu’on doit le faire. Ni Maya, ni moi ne pouvons faire autrement et autre chose. Si j’avais été ailleurs, jamais je n’aurais fait un film ou intégré le monde de l’édition. Cela semble évident et indispensable d’agir et de créer.
Maya Ouabadi : On repère trop de manques, et on se dit qu’il faut combler ces manques. Ailleurs, il peut y avoir de la surabondance, comme dans l’édition en Europe par exemple. En Algérie, c’est rare, donc précieux.
Saadia Gacem : Il y a cette indépendance de création et puis il y a l’indépendance financière. On l’a parce qu’on a choisi des partenaires qui nous donnent la liberté nécessaire, à part des deadlines. Il n’y a aucune intrusion sur ce qu’on écrit. On vend la revue aussi pour montrer que le travail des femmes a un coût, une valeur et doit être payé.
Maya Ouabadi : Et à long terme ça permet plus d’indépendance pour se passer potentiellement d’aides et de subventions. C’est ça l’indépendance ultime.
15-38 : Selon vous, quels sont les grands enjeux des luttes féministes en cours ?
Maya Ouabadi : En Algérie, le code de la famille reste la chose qui pose le plus de problèmes concrètement dans la vie des femmes. Ce code de la famille est rejeté entièrement par les militantes. Mais certains groupes de militantes travaillent également loi par loi. Par exemple, pour le prochain numéro de la revue, il y aura un article sur la Loi 66, qui permet aux pères, après un divorce, de récupérer la garde des enfants si leur mère se remarie. Les femmes se réunissent pour faire sauter au moins cette loi. Je pense que l’enjeu évolue de plus de plus vers un ce travail d’« étape par étape » : qu’est ce qui est prioritaire à faire bouger dans ce code de la famille ? Il y a également, l’enjeu des féminicides qui commence à être connu. On en parle un peu plus, on essaye de changer la manière dont on en parler aussi. J’ai le sentiment que ce sont les deux sujets pour lesquels il y a aujourd’hui le plus de mobilisation et également d’attention de la part des personnes non-militantes forcément.
Saadia Gacem : Les luttes sont nombreuses malheureusement. Nous sommes encore dans des sociétés où les femmes doivent encore lutter pour être considérées comme des êtres à part entière, ayant les mêmes droits que les hommes. Alors tant que nous sommes dans un monde patriarcal, où les hommes tuent les femmes parce qu’elles veulent leur indépendance (la majorité des féminicides ont lieu lorsque les femmes décident de se séparer de leur conjoint, compagnon), les luttes féministes continuent. Il y a bien sûr le Code de la famille, comme le signale Maya, l’article 11 stipule que les femmes sont sous tutelle masculine. Les femmes ne peuvent pas divorcer librement et les discriminations dans l’héritage restent une question importante pour l’indépendance économique des femmes. L’enjeu aussi pour le féminisme est de continuer à s’organiser au niveau local et national et à diffuser la pensée féministe (l’égalité homme-femme) via les différents médias qui s’offrent à nous (presse, réseaux sociaux…) ou que l’on crée comme la revue « La place ».