Jeudi 24 août, réunis à Johannesburg en Afrique du Sud pour leur 15e sommet, les pays membre des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ont annoncé qu’ils accueilleraient, à partir du 1er janvier prochain, six nouveaux pays dans leur coalition : l’Argentine, l’Egypte, l’Ethiopie, l’Iran, l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis. Ces nouveaux entrants ont de vrais atouts : l’Arabie Saoudite est le premier pays exportateur de pétrole et son PIB est supérieur à 800 milliards de dollars selon la Banque Mondiale.
En Algérie, les réactions officielles ont mis un peu de temps à arriver. Si l’Algérie n’a pas les mêmes résultats économiques que d’autres pays candidats, elle espérait que ses positionnements diplomatiques, ainsi que sa participation de plus de 1 milliard de dollars à la banque des BRICS aideraient son dossier.
Les médias officiels algériens ont annoncé la nouvelle très sobrement, dès la fin du sommet. Cinq jours plus tard, lors d’une conférence de presse consacrée au Niger, le ministre des Affaires étrangères algérien, Ahmed Attaf, a souligné que la politique étrangère de l’Algérie s’appuyait sur « le principe de multipolarité, et il a déclaré : « Nous continuerons à défendre ces choix avec les mêmes alliés dans d’autres cadres comme le Conseil de sécurité de l’ONU, le groupe des 77 et le Mouvement des non-alignés ». Tous ces pays membres des BRICS sont « amis et alliés », sans exception, a affirmé le ministre.
Cela faisait plus de six mois que le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune, avait évoqué l’adhésion aux BRICS comme une certitude : « l’année 2023 sera couronnée par l’adhésion de l’Algérie aux BRICS » avait-il déclaré à la presse. Le Président a effectué une visite en Russie puis en Chine, très largement suivies et commentées positivement par les médias, qui soulignaient les « atouts » de la candidature algérienne, oubliant ces faiblesses.
Alors après la décision du 24 août, il a fallu corriger le tir. Un média privé très proche du gouvernement rend responsable un complot entre le Maroc et Israël. Le 26 août, le quotidien officiel El Moudjahid donne la parole à un expert qui affirme que le fait que la candidature de l’Algérie n’ait pas été retenue est une « bonne nouvelle » puisque « l’Algérie entretient des liens économiques et des échanges commerciaux de loin plus importants » avec l’Occident, et qui ajoute qu’il est « très sceptique quant à l’aboutissement du projet des BRICS ».
Seul Sofiane Djilali, responsable du parti Jil Jadid, a souligné publiquement ce qui manquait à la candidature algérienne : « nous sommes toujours à la marge, il n’y a pas d’investissements suffisants, il n’y a pas d’échanges suffisants, l’Algérie est toujours restée très repliée sur elle-même, elle n’arrive pas à s’ouvrir convenablement. Et ensuite, il y a d’autres problèmes secondaires, secondaires dans l’analyse, mais qui sont importants dans le vécu : c’est-à-dire une administration tatillonne, de la bureaucratie, avec beaucoup de dérapages, puisque les choses ne sont pas toujours très transparentes dans le domaine économique », a -t-il déclaré à Radio France internationale.
Après l’annonce de l’intégration de l’Égypte, le premier ministre égyptien, Moustapha Madbouli, a salué cette annonce qui « contribuera à rendre le bloc plus efficace et plus capable d’exprimer ses visions au niveau international », selon le journal Al Ahram Hebdo. Pour lui, les institutions économiques et financières internationales doivent être « réformée pour devenir plus équitable face aux besoins des pays en développement ». (Voir notre entretien) Le Président Abdel Fattah Al Sissi a déclaré sur les réseaux sociaux qu’il était « fier » de la confiance des membres des BRICS : « Nous attendons avec impatience de coopérer avec eux au cours de la période à venir, ainsi qu’avec les pays invités à les rejoindre, pour atteindre les objectifs du bloc visant à renforcer la coopération économique et à faire entendre la voix des pays du Sud sur diverses questions et sur les défis de développement auxquels nous sommes confrontés, ce qui maintient les droits et les intérêts des pays en développement », a-t-il affirmé.