Cinquième mois de grève des résidents en Algérie. Des services qui tournent au ralenti et des négociations qui semblent ne pas aboutir. Ces jeunes médecins spécialistes réclament la fin du service civil obligatoire, une période de plusieurs années où ils sont envoyés dans les déserts médicaux du pays. Instauré en 1974, ce dispositif ne cache plus le manque d’infrastructures médicales dans le Sud algérien et dans les régions des hauts-plateaux. Alors que la santé gratuite est un des fondements de la conception algérienne de l’Etat, une femme enceinte de In Salah dont l’accouchement se complique doit parcourir 600 kilomètres pour trouver un hôpital qui peut la prendre en charge. Mauvaise gestion, colère des soignants, infrastructures vieillissantes, en Algérie comme en Tunisie, les systèmes de santé publique se dégradent très rapidement.
Lorsque les conditions de travail des soignants sont de plus en plus difficiles, il y a moins de médecins candidats. Selon la communauté européenne, un pédiatre ne devrait pas traiter plus de 900 enfants par mois, alors que la moyenne espagnole est de 1080, soit 60 enfants par jour. L’Etat affaibli par la crise financière de 2008 demande aux services publics de faire autant qu’avant avec moins de moyens. Mais en conséquence, les médecins quittent les centres de santé publics et les patients n’ont plus la possibilité d’être suivis correctement s’ils n’en ont pas les moyens.
Des patients à bout de nerfs et des conditions de travail qui se dégradent, le constat est similaire au Nord de la Méditerranée. En témoignent les mouvements de grève initiés dans les hôpitaux publics français en fin d’année dernière. Un secteur a été particulièrement mobilisé, celui de la psychiatrie. Infirmiers comme médecins expriment leur ras-le-bol face aux fermetures de lits ces trente dernières années. Les soignants ont donc mécaniquement moins de temps à consacrer aux patients, un facteur pourtant primordial quand on sait que les traitements en psychiatrie se comptent en années et non en mois.
Alors que les Etats gestionnaires semblent privilégier la rentabilité, certains soignants tentent de trouver des solutions. Du côté des quartiers Nord de Marseille, dans le “Château en santé”, les patient.e.s sont associé.e.s aux prises de décisions, la salle d’attente devient lieu de vie. Une équipe réinvente la médecine de proximité, au plus proche des usagers, et donnent un signal d’espoir. “Une manière de participer à la lutte contre les inégalités d’accès au soin et les inégalités sociales de santé”.