Le printemps est là, la rédaction 15-38 se fait mutine, légère, mais pas seulement…
Quoi de plus délicat que de demander à quelqu’un de parler d’amour ? Ils ne sont pas nombreux à avoir répondu à l’appel… Parler d’amour semble donc difficile. On hésite, on cherche ses mots, on détourne le regard, parfois on dit oui et finalement, on renonce.
En ces temps de tempêtes économiques, de remise en question de nos sociétés, de nos libertés, de violences humaines, il est difficile, voire compliqué de trouver un chemin. Il est temps de redonner du sens, du recul, à nos vies, face aux tentatives de division, de séparation par des murs, de rejet de l’étranger par les gouvernants sourds aux appels à la solidarité et à l’amour qui est présent et plus fort dans certaines situations. Dans les zones de conflits, dans les camps de réfugiés, dans les villes, les campagnes, les révolutions, les contre-révolutions, demeure et demeurera toujours l’amour. “L’amour n’est-il pas, en tout cas, dans nos coeurs méditerraneo-hollywoodiens, au commencement de toute famille ?”, se questionne un Libanais au micro de François Beaune.
Au Liban justement, la dégustation d’un dessert dans le Sud du pays provoque envie et excitation chez un jeune couple. Autour de la Méditerranée, on évoque la première fois, avec qui, où, et quelle importance lui donner. Hala Moughanie, auteure libanaise, raconte des souvenirs de sa jeunesse, l’envie de dépasser certaines limites initialement imposées par la société. En temps de guerre civile, certains rêvaient d’histoires d’amour inter-communautaires.
L’histoire se répète t-elle ? De Damas au Caire en passant par Beyrouth, accrochés aux maisons des centres historiques dans les ruelles étroites, les balcons se touchaient presque, et facilitaient les relations entre voisins amoureux. Ils passaient d’une fenêtre à l’autre, à l’abri des regards.
A Madrid, l’amour se fait libertaire… Dans les vitrines de Chueca, les godes colorés donnent des ailes aux amants de passage. L’Espagne conservatrice est devenue ces dernières années le troisième pays au monde en terme de tourisme sexuel. La révolution est en cours ? Sans doute, et pas tout à fait. En Algérie, les jeunes qui témoignent anonymement évoquent tous le tabou sexuel et les solutions pour malgré tout, passer le cap de la première fois, comme l’évoque de manière délicate le dessin de Lara.
Les histoires sont multiples, ce dossier tend la plume, le micro et la caméra pour faire entendre ces voix dans leurs diversités.
Le dessin de Une est signé Lara qui dessine dans la presse (Canard Enchaîné, Obs), et prépare une bande dessinée (ça se passera dans le monde méditerranéen).