A Madrid, 10 femmes ont entamé le 6 mai leur deuxième grève de la faim. Un jeûne solidaire pour réclamer protection pour les victimes de la violence machiste. Une mobilisation qui vise à interpeler politiques et citoyens sur l’urgence d’agir. Depuis janvier 2017, 24 femmes sont mortes après des violences domestiques. Le photographe Samuel Bregolin a passé plusieurs jours aux côtés des femmes de l’association Velaluz sur la Puerta del Sol, en plein cœur de la capitale.
La grève de la faim a été lancée par l’association Velaluz, fondée en 2009. Par cette action, ses membres demandent l’organisation d’une table ronde entre le gouvernement, le ministre de l’Éducation et les principales associations civiles de défense des droits de la femme. Leur but est de mettre en place des mesures de prévention pour lutter contre les violences faites aux femmes, notamment dans les écoles et les universités. Pour Sonia qui participe à la grève de la faim il faut faire pression, manifester et crier car de nombreuses femmes continuent de mourir sous les coups. Originaire de Villalba (Madrid), elle a pu sortir d’une situation de violence domestique difficile, dont ses deux filles étaient également victimes.
L’association avait déjà obtenu une table ronde lors d’une première grève de la faim de 26 jours entre février et mars dernier. Mais depuis, le gouvernement n’a mis en place que deux marathons en faveur des droits de la femme, ce que Velaluz considère comme une mascarade. « Elles ne peuvent pas toutes courir, puisque certaines sont mortes entre temps » expliquent-elles, citant les 24 femmes mortes en Espagne depuis début 2017 pour cause de violences domestiques. En 2008, 79 femmes sont décédées, 65 en 2009, 63 en 2013 et 62 en 2015. Depuis 1998, 98 enfants sont restés orphelins, dont seulement trois ont été reconnus officiellement par les autorités.
Choisir la grève de la faim est un acte extrême que les femmes de l’association revendiquent. Leur présidente, Gloria Velasquez, a par exemple perdu 22 kilos lors de la première grève. À cause du choc, son corps a développé une allergie au gluten. Les médecins ont très fortement déconseillé une deuxième grève de la faim. Mais l’urgence d’agir prime. La lutte contre les violences faites aux femmes n’est jamais vraiment prioritaire en Espagne, cette méthode vise à pousser le gouvernement à agir. En se réunissant Puerta del Sol à Madrid, Velaluz souhaite également interpeller et engager la société civile.
Leur action bénéficie d’un large soutien populaire, de la part d’autres associations féministes, mais également des habitants de la capitale. Tout au long de son séjour à Madrid, Samuel Bregolin a pu noter la forte implication autour de cette thématique. Un débat qui se poursuit activement sur les réseaux sociaux.