Benyamine Boussadia est photographe amateur à Alger. Hormis sa grande histoire d’amour avec sa barbe, il a aussi une grande histoire d’amour avec les mots. Son récit nous entraîne aujourd’hui de Alep à Alger au cœur de souffrances partagées.
Cela fait déjà 6 ans que le fleuron de l’orient croule sous les décombres d’une guerre qui est pour le moins haineuse et dévastatrice, une guerre d’égos et d’intérêts, une guerre soigneusement placée sous la coupe d’un éternel terrorisme et le tout, bien bercé par le silence des nations, ou du moins, des nations qui se contentent de condamner juste histoire de se donner bonne conscience aux yeux des peuples.
Après 6 ans, le constat ne peut qu’être amer. Des villes entières détruites, un pays en cendre et une population qui autrefois connaissait l’immense sérénité du vivre-ensemble et qui se retrouve complètement dispersée et déchirée, une population poussée à une migration forcée hors de ses terres et une population dont le cri se veut un cri de détresse.
Je ne vais pas prendre la parole pour dire ce que tout le monde sait, je ne vais pas refaire le constat des dégâts de cette guerre, car le constat est fait et le sort est scellé. Mais, je préfère prendre le temps de voir la moitié du verre qui est pleine plutôt que celle qui est vide, et au lieu de critiquer l’insouciance des uns et des autres, je préfère faire les éloges de ceux qui donnent du leur.
Le Cœur sur la Main !
Nous, Algériens, sommes un peuple qui se souvient du passé. Nous sommes un peuple qui a vécu dans la peur et la crainte. Pendant plus de 10 ans, nous ne savions pas ce que nous réservait le lendemain, mais contrairement à nos dirigeants qui semblent avoir oublié, nous sommes un peuple qui fait du passé un devoir de mémoire, et notre devoir de mémoire va aussi à nos frères.
Tout en restant bien loin des politiques et des politiciens, il existe parmi le petit peuple, un code appelé fraternité, que tu sois Algérien ou Syrien, Palestinien ou Malien, que tu t’appelles Mamadou, Mohamed ou encore Abu-Ahmed cela n’a pas d’importance, car dans la rue on t’appellera toujours «kho» (frère). Aussi loin des clichés établis par certains, on voit une force faite de jeunesse populaire se mobiliser pour cette cause appelé «migrants», une force munie de bonne volonté et d’amour pour son prochain, une force qui du rien essaie de faire un tout et même si elle ne redonne pas à ce peuple déchu sa place, elle fait du mieux pour lui redonner le sourire.
Je vous invite à baisser le volume des médias, à fermer les clapets des grandes gueules et à prendre le temps d’écouter les histoires de milliers de réfugiés syriens, des réfugiés qui vous diront que même si l’état n’a pas fait grand-chose pour eux, ils se sentent comme chez eux. Ils vous diront qu’être à Alger c’est comme d’être à Alep, ils vous raconteront comment ils ont été accueillis, comment ils sont traités, ils vous diront comment des gens du peuple redonnent de la vie dans des camps de réfugiés morbides. Si vous prenez le temps de les écouter vous comprendrez que même celui qui n’a pas d’argent à donner, donne de sa personne et de son temps et celui qui n’a rien de tout cela, donne de son cœur et accompagne des ces prières.
Même si le constat de cette guerre reste amer et les conséquences terribles, même si les migrants ne jouissent pas de la plénitude d’une vie normale, nous pouvons tout de même nous réjouir de la bonté qui émane de la peuple, nous pouvons nous réjouir de leur mobilisation, leur union et leur appel à l’unisson, nous pouvons nous réjouir d’essayer de réussir là où nos dirigeants ont échoué.