Le Tunisien est scout depuis plus de 30 ans. C’est à travers ce mouvement qu’il défend et propage ses valeurs de patriotisme et de respect de l’environnement.
Le scoutisme, il est tombé dedans lorsqu’il était petit. C’était en 1987, Nidhal Ben Amor avait 5 ans. 33 ans plus tard, il est commissaire local (sorte de président) du groupe de la cité el-Habib à Sfax. Avec un seul objectif : préparer les citoyens de demain.
C’est par hasard que Nidhal Ben Amor est devenu scout. Deux institutrices de son jardin d’enfants ont crée une troupe et l’ont encouragé à la rejoindre. « J’ai peu de souvenir de cette époque. Je me souviens surtout de mon premier camp d’été, en 1988. On est parti 21 jours à Kelibia (ville côtière du Cap Bon, à 112 km à l’est de Tunis, ndl). A l’époque, il n’y avait pas de téléphone, on envoyait des lettres aux parents. J’ai tout de suite aimé, j’ai beaucoup apprécié cet esprit d’organisation, cette hiérarchie », explique-t-il depuis sa maison de Sfax (à 260 km au sud de Tunis) où il est confiné. Il ne quittera jamais le mouvement, choisissant, à 17 ans, de devenir chef scout et de suivre la formation pour cela. Même pendant ses trois années passées en Allemagne, pour achever son doctorat en électronique, Nidhal Ben Amor rentrait en Tunisie pour les camps d’été.
Aujourd’hui, il dirige un groupe de 180 enfants de 7 à 17 ans de la cité El habib à Sfax, l’une des plus grandes du pays. « Notre objectif, c’est de préparer des citoyens responsables. Nous sommes le 4ème rang après la famille, l’école et la rue. Nous tentons de minimiser ce temps passé dans la rue. Nous renforçons leurs capacités sur différents axes : le sport, le patriotisme, l’environnement… », explique ce papa de deux fillettes. L’environnement le touche d’autant plus qu’il a grandi à Sfax, région côtière touchée par la pollution liée aux industries chimiques (notamment de transformation du phosphate) et que sa famille est originaire de Kerkennah. Cet archipel, qui se trouve juste en face de Sfax, est une des régions tunisiennes les plus menacées par le réchauffement climatique, la mer gagnant peu à peu du terrain sur les terres.
Nidhal Ben Amor a rejoint le réseau AJCM (Ateliers des jeunes citoyens de la Méditerranée) en 2018, à l’occasion d’une action de nettoyage des plages. « J’ai mobilisé nos troupes sur la plage de Taparura, au centre de Sfax. Ce lieu, selon mes parents, c’était Tahiti avant. L’industrie (dans le secteur chimique, ndlr) a tout détruit à partir des années 1970. Ces usines ont saccagé puis sont parties. On voit la mer de nos maisons à Sfax, mais il faut faire 25 kilomètres pour aller nager », regrette l’enseignant universitaire.
Depuis son entrée à l’AJCM, Nidhal Ben Amor n’a pas eu l’occasion de participer à des projets concrets. Mais il note : « L’important c’est de sentir l’idée AJCM. La dimension méditerranéenne, ces discussions entre une dizaine de pays, c’est le grand apport. On se retrouve avec les mêmes codes. Et la même mer. Parce que si un jeune jette une bouteille à la mer à Sfax, un autre peut la retrouver à Marseille. »
A Tunis, Maryline Dumas